Star Trek contre Blakes Seven
This is a French translation of our Season 2 comic “Star Trek vs. Blakes 7” and its accompanying commentary, by Samuel. Click on the image for the full-sized version:
Je dois avouer un faible pour cet épisode. Nous sommes tous les deux fans de Blakes 7 depuis des années. Même notre nom de domaine « peppertop* » tire son origine du surnom que nous avons donné aux mutoïdes de la fédération qui, très franchement, on l’air d’avoir un gros poivron noir posé sur la tête (bravo aux costumiers de la B.B.C. !)
Par bien des aspects, Blakes 7 était la réponse anglaise à Star Trek (la série d’origine). Par d’autres aspects il s’agissait d’un pillage flagrant : la traduction de transporteur par téléporteur et de torpille à photon par canon à plasma, par exemple, sans parler de la ruse ingénieuse qui consistait à simplement faire tourner de 90° le logo la flotte spatiale avant de passer un petit coup de fer sur ses courbes. Mais là où Star Trek était saturé de l’aspiration américaine à un monde meilleur, Blakes 7 était marquée par la vision britannique d’un régime autoritaire et corrompu qui supprime ses propres citoyens dans un style qui évoque 1984.
Qu’il s’agisse de science-fiction, de comédie ou de drame, nous autres Anglais n’avons jamais été doués pour les hautes aspirations. Toutefois nous en connaissons un rayon en matière de anti‑héros. C’est une des raisons pour lesquelles tant de programmes britanniques échouent à séduire le public américain et se plantent dès leur pilote ou après seulement quelques épisodes. C’est aussi la raison pour laquelle tant d’Américains apprécient l’existence de B.B.C. America (le besoin se fait moins sentir d’une chaîne réciproque : nous avons déjà beaucoup de programmes américains dans nos grilles horaires).
Alors pendant que Star Trek s’efforçait d’explorer l’univers à bord de l’Entreprise comme une grande famille unie et (généralement) heureuse, Blakes 7 jetait les uns contre les autres des criminels qui ne s’aimaient pas vraiment les uns les autres, n’avaient que peu d’intérêts convergents et était surtout unis par l’existence d’un ennemi commun. Des personnages importants étaient évincés par des décès sans justifications dramatiques ; des alliances étaient crées, puis rompues ; elles étaient contraintes d’affronter aux côtés de leurs ennemis une menace encore plus grande venue de l’extérieur de notre galaxie ; et pendant tout ce temps elles devaient compter avec les caprices d’ordinateurs manifestement tombés d’un trou de vers relié à la Corporation Cybernétique de Sirius.
Blakes 7 était par moments sombre et déprimant, particulièrement avec sa fin pessimiste et désormais célèbre. Mais à nous autre fans de science-fiction elle donnait bien plus de grain à moudre que les menus allégés de Star Trek. C’est pour cela que nous l’aimions, décors tremblotants inclus, et que nous regrettons qu’elle n’ait pas connu la renaissance que Terry Nation avait envisagée. Alors que Star Trek a été sauvé des limbes télévisuelles par Star Trek : la nouvelle génération (qui a ensuite généré plusieurs films et séries), Blakes 7 n’a jamais bénéficié de ce traitement, et le monde de la science-fiction n’en est que moins riche.
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