The Greys

Naturel. Biologique. Sans colorant, arômes artificiels, ni conservateurs… Du vocabulaire marketing, mais plutôt dénué de sens dans le monde réel. Jusqu’à quel point est-elle naturelle cette galette d’avoine achetée au magasin de produits bio ? Je doute fort qu’elle est été cueillie sur un arbre à galettes par les petites fées du bio. Au lieu de cela, elle a été fabriquée par des humains à partir d’avoine et d’autres ingrédients cultivés en grandes quantités dans des fermes, en dehors du milieu naturel de ces plantes. Ces céréales ont été récoltées, en général mécaniquement, puis transformées par des machines. On n’a pas laissé le mélange durcir au soleil d’un été méditerranéen, ni même cuire dans un four d’argile chauffé au bois. Il a été cuit dans un four industriel, chauffé au gaz ou à l’électricité, avant d’être tranché, débité et emballé par encore plus de machines, chargé sur un camion qui pollue l’air et livré au magasin. Naturellement.

Le problème est qu’il n’y a aucune définition claire de ce qui est « naturel ». Nous avons généralement la sensation profonde qu’une pomme est naturelle alors qu’un chewing-gum ne l’est pas, même si la pomme a probablement été stockée, bien au-delà de sa durée naturelle de conservation, dans une atmosphère riche en dioxyde de carbone. En poussant la logique à l’extrême on pourrait prétendre que tous les produits de l’industrie agroalimentaire sont le résultat de l’action d’organismes naturels ; il se trouve simplement que ces organismes sont des êtres humains. Et en poussant l’illogique à l’extrême, il devient clair que chaque atome de l’univers est né quelque-part au cœur d’une étoile ou d’un disque d’accrétion et que, par conséquent, absolument tout est naturel.

La rubrique Feedback* du New Scientist fait souvent son miel de la prétention de certains produit de ne contenir « aucuns produits chimiques ». Mais telle est la méfiance du public vis à vis de la science que le mot « chimie » a des connotations négatives plutôt que de suggérer des associations positives. Vu sous cet angle, il n’est guère surprenant que les vendeurs aient découvert le bénéfice de vanter des produits « naturels » auprès d’une clientèle presque entièrement anti-scientifique.

Comprenez-moi bien : je suis heureux que des produits soient étiquetés « naturels », « biologiques » ou « fermiers ». Quand cela conduit à plus de bien être pour l’animal et à une meilleure information pour le consommateur, cela peut-être une bonne chose. Mais nous aurions définitivement intérêt à nous montrer un peu plus critiques à l’égard de ces prétentions. Après tout, si c’est naturel, c’est peut-être plein d’insectes.

NdT:

* Une rubrique qui regarde l’actualité scientifique « par le petit bout de la lorgnette » en s’intéressant à des sujets insolites qui prêtent à rire.

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L’idée de cette planche à traîné dans notre pile d’esquisses pendant un bon moment. Elle est même antérieure à celle-ci.

Les animations strictement organisées des ennemis dans Space Invaders sont à la fois sympathiques et dérangeantes. Sympathiques, car elles sont parfaitement prévisibles : trouvez la bonne synchronisation et vous pouvez tous les descendre assez facilement. Il n’y a pas de ruse ici, pas de changements de direction inattendus, pas de boucliers ou de bonus : rien d’autres que les réflexes humains contre la vitesse de la machine.

Dérangeant, car la progression des envahisseurs fait penser aux défilés de troupes des pays soucieux d’exhiber leur puissance militaire à la face du monde. Ces vagues de créatures pixelisées qui attaquent sans relâche, vague après vague, rappellent les invasions de zombies. La question n’est pas de gagner, mais de savoir combien de temps durera la survie. Quant à ce que cela nous dit sur l’objectif politique de ces défilés militaires, je vous laisse tirer vos propres conclusions.

Cette planche a finalement vu le jour pour une raison précise : dans le cadre de ma série de tutoriels pour Inkscape publiés dans Full Circle Magazine, j’en arrive au point de détailler l’un des outils que j’utilise le moins parmi l’arsenal d’Inkscape : les boîtes 3D. Quelle meilleure façon d’appréhender leur fonctionnement que de les utiliser pour créer une bande-dessinée ?

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Une autre année, une autre collecte de cadeaux de Noël douteux : voyons ce que nous avons là… un lecteur mp3, un iPad, un chauffe-tasse USB, un ventilateur de bureau USB, un lance-missile USB et un tout nouveau disque-dur USB Hello Kitty. Peut-être que l’année prochaine je devrais demander un nouveau hub USB pour pouvoir brancher tout ça.

Cela vous semble familier ? Votre Noël a été marqué par un bleu récolté lors une collision douloureuse avec le coin du PC, alors que vous essayiez, à l’aveugle, de dénicher une prise USB à l’arrière du boîtier ? Ou peut-être avez-vous développé un cas sérieux d’hydarthrose des femmes de chambres après vous être trop longtemps prosternés devant l’autel des ports frontaux¹ ? Si les prises USB se branchaient gentiment, du premier coup, à chaque fois, nous n’aurions pas besoin de cette gymnastique douloureuse qui consiste à promener la fiche à l’arrière du PC en espérant qu’elle finisse par glisser dans son logement. Nous n’aurions plus besoin de nous abaisser au niveau de la machine pour accéder aux ports frontaux.

Mais au lieu de cela, nous sacrifions tous à cette remuante parade nuptiale technologique, dans notre effort pour apparier le mâle et la femelle, la fiche et son logement. Le moulage du plastique est contrôlé, le logo USB localisé et nous savons où est « le haut »… Hélas ! Nous savons également que l’ordinateur ne se fait pas nécessairement du « haut » la même idée que nous. Nos certitudes s’envolent aux quatre vents, mais nous espérons toujours ce coup de chance qui inscrira toutes choses dans le même cadre de références.

Prise à la main, vous cafouillez, le bout de vos doigts recherchant fiévreusement un espace rectangulaire dont vous pensez qu’il pourrait bien s’agir d’un port USB. Si par inadvertance vous avez trouvé un port HDMI ou eSATA, bonne chance ! Leur talent pour la supercherie va vous détourner longtemps de votre but. Mais même si vous avez identifié le bon type de prises vos ennuis ne font que commencer. Vous déplacez la fiche de droite à gauche, de haut en bas, espérant qu’elle va se mettre en place, mais vous ne rencontrez rien d’autre qu’une résistance obstinée : il est temps de changer votre fusil d’épaule.

Avec une dextérité née d’une longue pratique vous faites pivoter sans efforts la prise entre vos doigts. Ou, plus probablement, vous la lâchez, jurez un peu, la récupérez en tirant sur le câble et reprenez toute l’opération à son début. Mais d’une manière ou d’une autre, vous parvenez à faire à votre carte-mère l’offrande d’une nouvelle connexion. Cling ! Bing ! Bam ! Boum ! La sensation du métal contre le métal, du plastique contre le plastique, vous avertit que cet accouplement est contre nature.

Vous vous arrêtez une seconde, perdu. Vous avez essayé dans un sens, ça n’a pas marché. Vous avez essayé dans l’autre sens, ça n’a pas marché non-plus. Alors le brouillard technologique se dissipe et des souvenirs effacés de vos précédentes confrontations avec des connexions USB vous submergent à nouveau. Vous retournez la prise une fois encore, retour à sa première orientation : elle ne se branche toujours pas, mais vous tâtonnez tout de même. Vous lui faites décrire des spirales de plus en plus large jusqu’à ce qu’enfin elle s’insère dans son logement. Il s’avère qu’après tout vous l’aviez tournée dans le bon sens la première fois. Mais cette petite ouverture au dos de l’ordinateur était juste décalée de quelques millimètres par rapport à l’endroit où vous pensiez qu’elle se situait².

Finalement, en grommelant³, vous vous promettez de vous acheter un hub USB un jour prochain pour éviter tous ces problèmes. Mais avant cela vous remplacez votre ordinateur par un nouveau modèle avec encore plus de ports USB. Plus besoin de hub maintenant. Et le cercle infernal se referme… Si ce n’est que cette fois vous devrez à coup sûr vous battre avec une prise HDMI ou eSATA. Si seulement ceci était le standard…

NdT:

1) Et le coup de tête dans l’angle du bureau au moment de se relever ? Hum… quel délice !
2) En réalité l’explication est beaucoup plus compliquée que cela : une prise USB a en fait trois orientations possibles, mais l’une d’elles dépend d’une rotation qui doit s’effectuer dans la quatrième dimension…
3) Également en époussetant votre pantalon et en retirant les toiles d’araignées de vos cheveux…

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